Bérénice,
Acte IV scène 5
Quel
est la tonalité dominante de cette scène ?
(Merci aux copies d'Amélie, Anna et Domitille !)
Dans l’acte IV scène 5, Titus se
décide enfin à annoncer à Bérénice qu’il choisit l’empire plutôt que leur
amour. La déception de Bérénice est immense, et les deux personnages se
retrouvent dans une situation tout à fait tragique : confrontés à une
décision qui paraît les dépasser, ils subissent semblent-ils l’un et l’autre
cette séparation qui les mène à un malheur irrémédiable. La scène fait alterner
différentes tonalités : pathétique, tragique mais aussi élégiaque.
Tout d’abord,
nous pouvons relever une tonalité
pathétique, liée à la souffrance que subissent les deux personnages. En
effet, durant cette scène, Titus annonce à Bérénice qu’il a préféré choisir
l’honneur à l’amour ; les deux personnages souffrent énormément de ce
choix, comme le prouve la répétition de l’adjectif
« cruel » : « un trouble assez cruel m’agite et me
dévore » (v.1047), ou encore « combien ce mot cruel est affreux quand
on aime » (v. ?). Ces deux passages qui développent le champ
lexical de la douleur nous montrent la souffrance des deux personnages. On
retrouve par ailleurs le dilemme du personnage qui doit choisir entre le
devoir, comme le prouve la répétition de ce terme associé au terme
« gloire », et l’amour. Ce dilemme est source de souffrance, car
aucun des choix n’offre de bonheur possible. Ainsi, cette
scène propose bien un registre pathétique.
Par ailleurs,
nous pouvons relever une tonalité plus
fortement tragique. En effet, ni Titus ni Bérénice ne choisissent leur
avenir et ils sont totalement désarmés, comme le prouvent les vers 1116 et
1117 : « Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice / Sans que de
tout le jour je puisse voir Titus ». Ce chiasme désigne
l’opposition entre Titus et Bérénice, qui ne pourront plus jamais se revoir,
subissant ainsi une fatalité qui les dépasse, et qui les précède ; on
relève en effet la répétition de la locution temporelle « dès
longtemps » aux vers 1179 et 1180 qui va dans ce sens. De plus, le
lexique de la mort et de la douleur nous montre que le registre est
tragique ; on relève les termes « craindre » (v.1132),
« détruire » (v.1087), « sang » (v.1141), « pleurs
(v.1146), « déchirer » (v.1152) et enfin « barbarie » (v.1175),
ainsi que la répétition du terme « Adieu » à plusieurs reprises. Enfin,
les nombreuses exclamatives et interrogatives telles « Ah
ciel ! » (v.1148) ou « N’avez-vous pas les vôtres ? »
(v.1151) traduisent les fortes émotions qui animent les personnages et insistent sur le côté tragique de cette scène, en montrant
le déchirement profond des deux amants qui ne choisissent pas leur destin.
Enfin,
le texte relève également d’une tonalité
plaintive et mélancolique, empreinte de douceur et de tendresse,
caractéristique du registre élégiaque. En effet, les personnages partagent
leur amour et leur bonheur impossible, ainsi que le regret provoqué par la
perte irréversible de la personne aimée. Ainsi, les deux personnages utilisent
à plusieurs reprises le terme « pleurs », sous forme nominale ou verbale.
De plus, autant Bérénice que Titus vont évoquer leur amour passé ou devenu
impossible. Enfin, la répétition d’apostrophes telles que
« Hélas ! » (v.1030 et 1153) ou « Adieu ! » traduisent
bien cette tonalité élégiaque.
Ainsi,
cette longue scène voit alterner trois registres principaux, pathétique,
tragique et élégiaque, qui viennent rendre compte de la douleur des deux
personnages, contraints de se quitter pour des raisons qui paraissent les
dépasser. Ils subissent en effet un destin dont ils ne sont pas les maîtres, et
partagent dans ces célèbres vers leur souffrance.
merci vous me sauver la vie ! : )
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