mercredi 18 novembre 2015

Corrigé de la question sur Bérénice, IV, 5




Bérénice, Acte IV scène 5

Quel est la tonalité dominante de cette scène ?
(Merci aux copies d'Amélie, Anna et Domitille !)


            Dans l’acte IV scène 5, Titus se décide enfin à annoncer à Bérénice qu’il choisit l’empire plutôt que leur amour. La déception de Bérénice est immense, et les deux personnages se retrouvent dans une situation tout à fait tragique : confrontés à une décision qui paraît les dépasser, ils subissent semblent-ils l’un et l’autre cette séparation qui les mène à un malheur irrémédiable. La scène fait alterner différentes tonalités : pathétique, tragique mais aussi élégiaque.

            Tout d’abord, nous pouvons relever une tonalité pathétique, liée à la souffrance que subissent les deux personnages. En effet, durant cette scène, Titus annonce à Bérénice qu’il a préféré choisir l’honneur à l’amour ; les deux personnages souffrent énormément de ce choix, comme le prouve la répétition de l’adjectif « cruel » : « un trouble assez cruel m’agite et me dévore » (v.1047), ou encore « combien ce mot cruel est affreux quand on aime » (v. ?). Ces deux passages qui développent le champ lexical de la douleur nous montrent la souffrance des deux personnages. On retrouve par ailleurs le dilemme du personnage qui doit choisir entre le devoir, comme le prouve la répétition de ce terme associé au terme « gloire », et l’amour. Ce dilemme est source de souffrance, car aucun des choix n’offre de bonheur possible. Ainsi, cette scène propose bien un registre pathétique.

            Par ailleurs, nous pouvons relever une tonalité plus fortement tragique. En effet, ni Titus ni Bérénice ne choisissent leur avenir et ils sont totalement désarmés, comme le prouvent les vers 1116 et 1117 : « Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice / Sans que de tout le jour je puisse voir Titus ». Ce chiasme désigne l’opposition entre Titus et Bérénice, qui ne pourront plus jamais se revoir, subissant ainsi une fatalité qui les dépasse, et qui les précède ; on relève en effet la répétition de la locution temporelle « dès longtemps » aux vers 1179 et 1180 qui va dans ce sens. De plus, le lexique de la mort et de la douleur nous montre que le registre est tragique ; on relève les termes « craindre » (v.1132), « détruire » (v.1087), « sang » (v.1141), « pleurs (v.1146), « déchirer » (v.1152) et enfin « barbarie » (v.1175), ainsi que la répétition du terme « Adieu » à plusieurs reprises. Enfin, les nombreuses exclamatives et interrogatives telles « Ah ciel ! » (v.1148) ou « N’avez-vous pas les vôtres ? » (v.1151) traduisent les fortes émotions qui animent les personnages et insistent sur le côté tragique de cette scène, en montrant le déchirement profond des deux amants qui ne choisissent pas leur destin.

            Enfin, le texte relève également d’une tonalité plaintive et mélancolique, empreinte de douceur et de tendresse, caractéristique du registre élégiaque. En effet, les personnages partagent leur amour et leur bonheur impossible, ainsi que le regret provoqué par la perte irréversible de la personne aimée. Ainsi, les deux personnages utilisent à plusieurs reprises le terme « pleurs », sous forme nominale ou verbale. De plus, autant Bérénice que Titus vont évoquer leur amour passé ou devenu impossible. Enfin, la répétition d’apostrophes telles que « Hélas ! » (v.1030 et 1153) ou « Adieu ! » traduisent bien cette tonalité élégiaque.

            Ainsi, cette longue scène voit alterner trois registres principaux, pathétique, tragique et élégiaque, qui viennent rendre compte de la douleur des deux personnages, contraints de se quitter pour des raisons qui paraissent les dépasser. Ils subissent en effet un destin dont ils ne sont pas les maîtres, et partagent dans ces célèbres vers leur souffrance.

1 commentaire: