Corrigé de la question sur corpus sur le héros de tragédie (manuel p.194/195)
INTRO : [Accroche]
La tragédie prend naissance vers le VIe siècle avant Jésus-Christ, en Grèce, lors
des Grandes Dionysies, fêtes en l’honneur du dieu Dionysos. Au XVIIe siècle,
des dramaturges comme Corneille ou Racine reprennent les grandes règles du
genre, et créent des personnages tragiques répondant à des caractéristiques
précises. [Reprise de la question] Comment
définir un héros de tragédie classique ? [Annonce
du plan liée à la présentation RAPIDE du corpus] En nous basant sur
des extraits du Cid de Corneille, et
de Britannicus et Phèdre de Racine, nous étudierons dans un premier temps le piège et les
obstacles auxquels le héros est confronté, puis
la puissance supérieure qui s’abat sur chacun des personnages, et enfin le pathétisme caractéristique de ces
héros.
[Argument 1]
Tout d’abord, nous pouvons observer que les trois
personnages sont confrontés à des obstacles venus, les uns de l’extérieur, les autres,
d’eux-mêmes. L’amour de Rodrigue pour Chimène est empêché par le conflit
d’honneur qui oppose leurs deux pères. Junie n’est pas libre d’aimer l’homme
qu’elle souhaite, Néron s’impose à elle. L’obstacle à l’amour de Phèdre est le fait
que son amant soit le fils de son mari. Ce
qui rend chaque situation tragique, c’est que le héros se sent piégé, englué
dans un problème insoluble qui ne peut que le mener à sa perte. Quel que
soit son choix, il sera mauvais et aura des conséquences néfastes pour lui ou
un être cher (Chimène ou Dom Diègue, Octavie, Hippolyte ou Thésée). Ce sont
tous les efforts, toutes les stratégies qu’il mettra en place pour tenter de sortir,
souvent en vain, de cette impasse qui constituent le nœud de la tragédie.
[Argument 2]
Par ailleurs, chaque personnage est sous le coup d’une
puissance supérieure : son père pour Rodrigue, l’empereur Néron pour Junie,
la déesse de l’amour, Vénus, pour Phèdre. Ces puissances exercent une violence
sur le héros : Rodrigue se décrit comme un « malheureux objet » (v. 4), soumis
à un coup mortel (v. 2 et 6) ; Junie a été enlevée, traitée « comme une
criminelle » (v. 3) ; Phèdre, par une métaphore et une série d’allitération en [t] et
d’assonances faisant entendre la stridence du son [i],
montre Vénus acharnée sur elle, « tout entière à sa proie attachée » (v. 4).
Cette violence est autant psychologique que physique.
[Argument 3]
Enfin, nous remarquons que les personnages sont
pathétiques : ils suscitent la pitié. Ils utilisent un vocabulaire
hyperbolique et le champ lexical de la souffrance pour décrire leurs sentiments
: « mon âme abattue », « l’étrange peine » de Rodrigue ; Junie est une «
fille […] qui dans l’obscurité nourrissant sa douleur » évoque son « malheur ».
La vulnérabilité de cette jeune fille vouée au malheur est suggérée dans la
mise en scène par la posture d’effroi qu’adopte R. Brakni, les bras repliés sur
elle pour se protéger de Néron qui lui tourne autour dans l’ombre. Elle n’ose
le regarder en face, le surveille derrière elle. Sa robe, qui lui dénude les
bras et le cou, insiste aussi sur cette image de vierge offerte en sacrifice. Enfin,
Phèdre parle de suicide : « j’ai pris la vie en haine […] je voulais en mourant
dérober au jour une flamme si noire ». C’est sans doute celle qui est la plus
désespérée, elle se fait horreur. Dans chaque texte, la structure des
alexandrins, les procédés poétiques renforcent la plainte des héros. L’alternance
des alexandrins, des décasyllabes et des hexasyllabes crée un rythme saccadé avec
des ruptures brutales comme le vers 6 du texte 1, « cède au coup qui me tue ».
Au contraire, la réplique de Junie est construite sur de longues phrases
comportant des enjambements et de nombreuses subordonnées relatives, qui
soulignent ses précautions oratoires, expression de sa terreur. Dans l’extrait
de Phèdre, ce sont les
allitérations en [R] et [s] qui
mettent en écho les mots exprimant le tourment : « terreur », « horreur », «
mourant », « gloire », « dérober », « noire ».
CONCLU : [Conclusion
bilan] Un héros tragique est donc
mis face à des situations inextricables, qui lui sont imposées par une autorité
supérieure (père, roi), un dieu (Vénus) ou un code d’honneur qu’il s’impose,
les deux causes pouvant s’associer (Rodrigue). Face à des choix inconciliables,
le héros s’efforce de trouver une issue, mais la fin est souvent fatale : on
peut, pour en convaincre les élèves, leur faire rechercher la fin des trois
tragédies présentées. Ces héros sont pathétiques dans leurs tentatives vaines
pour échapper à ce qu’on veut leur imposer.