jeudi 17 décembre 2015

Corrigé de la partie de commentaire sur G. Dandin





Quelques remarques en vrac :
  • George, et non pas Georges.
  • Louis XIV n'est pas "friand" de théâtre...
  • Le texte est en prose, on renvoie donc aux numéros des lignes, non pas des vers (vu qu'il n'y en a pas, vu que c'est en prose....) (je vous laisse relire Le Bourgeois Gentilhomme !)
  • STOP à la formulation "Jean-Baptiste Poquelin, alias Molière" !!! A quand le "aka" ??
  • Le terme de "cocu" est rentré dans le langage (sans "u" à langage) familier, à manier donc avec beaucoup de précautions.
  • De même, on ne "traite" pas quelqu'un, sauf à parler un langage de racaille. On "traite quelqu'un de quelque chose". 
Méthodologie
  • Ne rien mettre en intro qui ne soit en lien direct avec le texte étudié ; en d'autres termes, pas de cours théoriques sur les règles du théâtre, SAUF si par exemple elles ne sont pas respectées dans le passage étudié.
  • Pour ne pas faire de paraphrase, posez-vous UNE SEULE QUESTION : Quels procédés ai-je analysés dans ce que j'ai cité ? Si vous avez cité un passage mais sans analyser un seul procédé d'écriture (figure de style, champ lexical, termes mélioratifs ou péjoratifs, etc.), retirez la citation de votre commentaire. C'est que vous n'avez rien à en dire.

Voici le corrigé de la partie de commentaire portant sur les scènes 3 et 4 de l'acte III de George Dandin.
Merci aux copies de Flore R. pour l'intro et de Clarisse V., à laquelle j'ai mêlé des éléments de corrigé personnels.




(Introduction)

                [présentation contexte] Le XVIIe siècle est marqué par deux mouvements littéraires, le baroque et le classicisme. Le classicisme est à son apogée entre 1660 et 1680, sous le rège de Louis XIV. De même, une devise affichée sur les frontons des théâtres italiens marque le théâtre classique : « Castigat ridendo mores », signifiant que la comédie doit corriger les mœurs par le rire. [présentation auteur] Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, directeur de la troupe de l’Illustre théâtre, passe très vite sous la protection du roi. Molière a écrit des comédies sérieuses dont Le Tartuffe mais aussi nombre de comédies plus légères telles que Le Bourgeois Gentilhomme ou George Dandin. [présentation pièce] George Dandin est une comédie-ballet, pièce de théâtre entrecoupée de passages chantés, écrite par Molière en 1668 à l’occasion des Grandes Fêtes de la cour. Ainsi, avant chaque acte de George Dandin, plusieurs personnages sont mis en scène, ici, dans une pastorale, des bergers chantent leurs amours sur une musique de Lulli. Cette pièce reprend les thèmes traditionnels de la comédie tels que le mari trompé ou le retournement de situation. Cependant, Molière enrichit sa pièce par la critique des mariages forcés au profit de la jeunesse et des sentiments partagés. [présentation du passage] Les scènes 3 et 4 de l’acte III sont des scènes comiques. Elles sont situées dans le dernier acte, l’acte de dénouement, et la scène suivante constitue un vrai retournement de situation. Cependant, par l’image donnée d’un mari trompé et moqué par tous, ces scènes ne sont pas uniquement comiques. [problématique] Nous pouvons ainsi nous demander en quoi cette scène suscite un rire grinçant. [annonce du plan / axes principaux] Nous verrons donc un premier temps en quoi ce passage est comique, avant de nous pencher sur le caractère pathétique de celui-ci.

 (1e partie)

                [Rappel de l’axe principal et annonce de sousparties] Nous allons en premier lieu voir en quoi cette scène est comique en nous penchant d’abord sur le rôle de Lubin, puis sur celui joué par Colin, et pour finir, sur le ridicule de George Dandin.
                [1e argument] Tout d’abord, au commencement de ce passage, Lubin joue un rôle important : à travers son personnage, on relève à la fois un comique de caractère, de situation, de mots et de gestes. En effet, par son imprudence, il confond George Dandin et Claudine et révèle à ce dernier la supercherie dont il est la victime ; [étude de procédés] il le désigne alors par des termes péjoratifs, tels « risible » (l.7), « jaloux » (l.7), « impertinent » (l.8) et se moque ouvertement de lui : « plaisamment attrapé » et « drôle » (l.4). Ces termes sont en opposition avec la description élogieuse qu’il fait de ses mains : « Ah ! que cela est doux ! Il me semble que je mange des confitures. ». [interprétation] Les paroles prononcées par Lubin, ainsi que la situation des deux personnages, provoquent donc le rire du spectateur, ce qui est accentué par la gestuelle du valet lorsque celui-ci baise la main du personnage éponyme. L’antithèse « une petite menotte qui est bien un peu bien rude » (l.11) accentue encore le comique de cette scène. [bilan de l’argument] Ainsi, à travers le comique de mots, de situations et de gestes, on peut affirmer que le personnage de Lubin apporte en partie le caractère comique de la scène.
                [1e argument] Nous allons à présent nous pencher sur le rôle de Colin dans l’extrait. Le serviteur semble être le seul à rester loyal envers George Dandin, à éprouver du respect pour lui. [étude de procédés et interprétation] Il s’adresse en effet à lui en utilisant des termes comme « Monsieur » (l.20, 24, 28, 35) ou « M’y voilà » (l.22). Mais la répétition même du mot « Monsieur » devient comique, d’autant qu’elle s’associe à une situation amusante au cours de laquelle les deux personnages se croisent sans se trouver. Les didascalies insistent sur ce qui pourrait s’apparenter à un comique de gestes : « (Pendant qu’il va lui parler d’un côté, Colin va de l’autre) » (l.25) ou « (Comme ils se vont tous deux chercher, l’un passe d’un côté, l’autre de l’autre) » (l.31). Colin et George Dandin vont finalement finir par se cogner, révélant alors le caractère lâche et risible du serviteur, qui fuit son maître. Le comique de ce passage s’exprime dans les stichomythies des lignes 38 à 45, qui traduisent l’oralité et la vivacité du dialogue entre le serviteur et son maître. [bilan de l’argument] Ainsi, le personnage de Colin, valet fidèle mais désobéissant, provoque lui aussi le rire chez le spectateur.
                Enfin, nous allons voir en quoi George Dandin apparaît comme un maître ridicule. Tout d’abord, sa situation même de mari trompé fait de lui un personnage cocasse. Lubin insiste d’ailleurs bien sur cet aspect du maître, lorsqu’il rappelle dans un quiproquo qu’il est la dupe d’Angélique et de Clitandre : « il ne sait pas que M. Le Vicomte et elle sont ensemble pendant qu’il dort » (l.5/6). L’aspect naïf des premières questions posées par Dandin accentue encore le côté ridicule de cet homme : « Où peut-elle être allée ? Serait-elle sortie ? » (l.2). De plus, George Dandin est ouvertement tourné en ridicule par les deux valets, d’abord par les moqueries de Lubin, qui le traite de « jaloux » (l.7) et d’ « impertinent » (l.8), puis par Colin qui lui désobéit sans vergogne, répondant par la négative à l’injonction du maître de venir à lui : « Veux-tu venir ? / Nenni ma foi ! » (l.39/40). Enfin, le caractère très coléreux de George Dandin est également source de moquerie, y compris de la part du spectateur. On perçoit bien ce caractère lorsqu’il se cogne à Colin et use alors d’expressions hyperboliques pour le menacer : « ah le traître ! il m’a estropié. (…) Approche, que je te donne mille coups. » (l.36/37). Ainsi, ces éléments nous montrent que George Dandin ne jouit d’aucune autorité sur personne : sa femme le trompe, son valet ne lui obéit pas et un autre serviteur affiche ouvertement pour lui un profond mépris.
                [bilan de la 1e partie / transition vers la 2e partie] Nous pouvons donc en conclure que cette scène est comique, grâce aux rôles joués par les valets, qui visent principalement à tourner en ridicule le personnage éponyme, George Dandin. Mais nous allons voir à présent que les moqueries portées sur ce personnage suscitent aussi un rire grinçant, car il peut susciter en partie de la pitié chez le spectateur.

lundi 30 novembre 2015

Fin des devoirs sur la séquence "Théâtre"




Pour mercredi 2 décembre
Préparer la lecture analytique du dénouement, de "Bérénice, se levant. Arrêtez. Arrêtez." à "...Hélas !".


Pour jeudi 3 décembre
Finir de préparer le plan détaillé de la dissertation sur Titus, un personnage tragique, et rédiger complètement deux ou trois arguments.


Lundi 7 décembre
Avoir lu et venir en classe avec OEdipe Roi de Sophocle, éditions Petits Classiques Larousse, et venir avec La Machine infernale de Cocteau (si vous l'avez lue, c'est encore mieux !).


Mercredi 9 décembre
Venir en classe avec le manuel !


Jeudi 10 décembre et Lundi 14 décembre
Venir en classe avec le Cahier d'exercices BORDAS.


Jeudi 17 décembre
Interrogation bilan sur les deux premières séquences, sur la comédie et la tragédie classiques (Le Tartuffe, Molière et Bérénice, Racine).


VACANCES

Lundi 4 janvier
Répondre aux questions sur corpus et faire l'un des exercices d'écriture (au choix) dans le manuel, p.223 à 226 (à rendre).




*

mercredi 18 novembre 2015

Quelques devoirs...




Pour jeudi 19 
Rechercher les étapes de construction de la pièce Bérénice : exposition / dévoilement du nœud de l'action / péripéties / dénouement.

Mercredi 25
Recherchez toutes les figures de style et analysez leurs effets dans la tirade de Bérénice, vers 1103 à 1121 ("Hé bien régnez, cruel...")

Lundi 30
Matthieu proposera un exposé sur Jean Racine, ses tragédies et en particulier sur Bérénice (histoire dont la pièce s'inspire, présentation des personnages, réception au XVIIe siècle, postérité dans les siècles, etc.).


Corrigé de la question sur Bérénice, IV, 5




Bérénice, Acte IV scène 5

Quel est la tonalité dominante de cette scène ?
(Merci aux copies d'Amélie, Anna et Domitille !)


            Dans l’acte IV scène 5, Titus se décide enfin à annoncer à Bérénice qu’il choisit l’empire plutôt que leur amour. La déception de Bérénice est immense, et les deux personnages se retrouvent dans une situation tout à fait tragique : confrontés à une décision qui paraît les dépasser, ils subissent semblent-ils l’un et l’autre cette séparation qui les mène à un malheur irrémédiable. La scène fait alterner différentes tonalités : pathétique, tragique mais aussi élégiaque.

            Tout d’abord, nous pouvons relever une tonalité pathétique, liée à la souffrance que subissent les deux personnages. En effet, durant cette scène, Titus annonce à Bérénice qu’il a préféré choisir l’honneur à l’amour ; les deux personnages souffrent énormément de ce choix, comme le prouve la répétition de l’adjectif « cruel » : « un trouble assez cruel m’agite et me dévore » (v.1047), ou encore « combien ce mot cruel est affreux quand on aime » (v. ?). Ces deux passages qui développent le champ lexical de la douleur nous montrent la souffrance des deux personnages. On retrouve par ailleurs le dilemme du personnage qui doit choisir entre le devoir, comme le prouve la répétition de ce terme associé au terme « gloire », et l’amour. Ce dilemme est source de souffrance, car aucun des choix n’offre de bonheur possible. Ainsi, cette scène propose bien un registre pathétique.

            Par ailleurs, nous pouvons relever une tonalité plus fortement tragique. En effet, ni Titus ni Bérénice ne choisissent leur avenir et ils sont totalement désarmés, comme le prouvent les vers 1116 et 1117 : « Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice / Sans que de tout le jour je puisse voir Titus ». Ce chiasme désigne l’opposition entre Titus et Bérénice, qui ne pourront plus jamais se revoir, subissant ainsi une fatalité qui les dépasse, et qui les précède ; on relève en effet la répétition de la locution temporelle « dès longtemps » aux vers 1179 et 1180 qui va dans ce sens. De plus, le lexique de la mort et de la douleur nous montre que le registre est tragique ; on relève les termes « craindre » (v.1132), « détruire » (v.1087), « sang » (v.1141), « pleurs (v.1146), « déchirer » (v.1152) et enfin « barbarie » (v.1175), ainsi que la répétition du terme « Adieu » à plusieurs reprises. Enfin, les nombreuses exclamatives et interrogatives telles « Ah ciel ! » (v.1148) ou « N’avez-vous pas les vôtres ? » (v.1151) traduisent les fortes émotions qui animent les personnages et insistent sur le côté tragique de cette scène, en montrant le déchirement profond des deux amants qui ne choisissent pas leur destin.

            Enfin, le texte relève également d’une tonalité plaintive et mélancolique, empreinte de douceur et de tendresse, caractéristique du registre élégiaque. En effet, les personnages partagent leur amour et leur bonheur impossible, ainsi que le regret provoqué par la perte irréversible de la personne aimée. Ainsi, les deux personnages utilisent à plusieurs reprises le terme « pleurs », sous forme nominale ou verbale. De plus, autant Bérénice que Titus vont évoquer leur amour passé ou devenu impossible. Enfin, la répétition d’apostrophes telles que « Hélas ! » (v.1030 et 1153) ou « Adieu ! » traduisent bien cette tonalité élégiaque.

            Ainsi, cette longue scène voit alterner trois registres principaux, pathétique, tragique et élégiaque, qui viennent rendre compte de la douleur des deux personnages, contraints de se quitter pour des raisons qui paraissent les dépasser. Ils subissent en effet un destin dont ils ne sont pas les maîtres, et partagent dans ces célèbres vers leur souffrance.

lundi 16 novembre 2015

Comment définir un héros tragique ?




Corrigé de la question sur corpus sur le héros de tragédie (manuel p.194/195)




INTRO : [Accroche] La tragédie prend naissance vers le VIe siècle avant Jésus-Christ, en Grèce, lors des Grandes Dionysies, fêtes en l’honneur du dieu Dionysos. Au XVIIe siècle, des dramaturges comme Corneille ou Racine reprennent les grandes règles du genre, et créent des personnages tragiques répondant à des caractéristiques précises. [Reprise de la question] Comment définir un héros de tragédie classique ? [Annonce du plan liée à la présentation RAPIDE du corpus] En nous basant sur des extraits du Cid de Corneille, et de Britannicus et Phèdre de Racine, nous étudierons dans un premier temps le piège et les obstacles auxquels le héros est confronté, puis la puissance supérieure qui s’abat sur chacun des personnages, et enfin le pathétisme caractéristique de ces héros.

[Argument 1] Tout d’abord, nous pouvons observer que les trois personnages sont confrontés à des obstacles venus, les uns de l’extérieur, les autres, d’eux-mêmes. L’amour de Rodrigue pour Chimène est empêché par le conflit d’honneur qui oppose leurs deux pères. Junie n’est pas libre d’aimer l’homme qu’elle souhaite, Néron s’impose à elle. L’obstacle à l’amour de Phèdre est le fait que son amant soit le fils de son mari. Ce qui rend chaque situation tragique, c’est que le héros se sent piégé, englué dans un problème insoluble qui ne peut que le mener à sa perte. Quel que soit son choix, il sera mauvais et aura des conséquences néfastes pour lui ou un être cher (Chimène ou Dom Diègue, Octavie, Hippolyte ou Thésée). Ce sont tous les efforts, toutes les stratégies qu’il mettra en place pour tenter de sortir, souvent en vain, de cette impasse qui constituent le nœud de la tragédie.

[Argument 2] Par ailleurs, chaque personnage est sous le coup d’une puissance supérieure : son père pour Rodrigue, l’empereur Néron pour Junie, la déesse de l’amour, Vénus, pour Phèdre. Ces puissances exercent une violence sur le héros : Rodrigue se décrit comme un « malheureux objet » (v. 4), soumis à un coup mortel (v. 2 et 6) ; Junie a été enlevée, traitée « comme une criminelle » (v. 3) ; Phèdre, par une métaphore et une série d’allitération en [t] et d’assonances faisant entendre la stridence du son [i], montre Vénus acharnée sur elle, « tout entière à sa proie attachée » (v. 4). Cette violence est autant psychologique que physique.

[Argument 3] Enfin, nous remarquons que les personnages sont pathétiques : ils suscitent la pitié. Ils utilisent un vocabulaire hyperbolique et le champ lexical de la souffrance pour décrire leurs sentiments : « mon âme abattue », « l’étrange peine » de Rodrigue ; Junie est une « fille […] qui dans l’obscurité nourrissant sa douleur » évoque son « malheur ». La vulnérabilité de cette jeune fille vouée au malheur est suggérée dans la mise en scène par la posture d’effroi qu’adopte R. Brakni, les bras repliés sur elle pour se protéger de Néron qui lui tourne autour dans l’ombre. Elle n’ose le regarder en face, le surveille derrière elle. Sa robe, qui lui dénude les bras et le cou, insiste aussi sur cette image de vierge offerte en sacrifice. Enfin, Phèdre parle de suicide : « j’ai pris la vie en haine […] je voulais en mourant dérober au jour une flamme si noire ». C’est sans doute celle qui est la plus désespérée, elle se fait horreur. Dans chaque texte, la structure des alexandrins, les procédés poétiques renforcent la plainte des héros. L’alternance des alexandrins, des décasyllabes et des hexasyllabes crée un rythme saccadé avec des ruptures brutales comme le vers 6 du texte 1, « cède au coup qui me tue ». Au contraire, la réplique de Junie est construite sur de longues phrases comportant des enjambements et de nombreuses subordonnées relatives, qui soulignent ses précautions oratoires, expression de sa terreur. Dans l’extrait de Phèdre, ce sont les allitérations en [R] et [s] qui mettent en écho les mots exprimant le tourment : « terreur », « horreur », « mourant », « gloire », « dérober », « noire ».

CONCLU : [Conclusion bilan] Un héros tragique est donc mis face à des situations inextricables, qui lui sont imposées par une autorité supérieure (père, roi), un dieu (Vénus) ou un code d’honneur qu’il s’impose, les deux causes pouvant s’associer (Rodrigue). Face à des choix inconciliables, le héros s’efforce de trouver une issue, mais la fin est souvent fatale : on peut, pour en convaincre les élèves, leur faire rechercher la fin des trois tragédies présentées. Ces héros sont pathétiques dans leurs tentatives vaines pour échapper à ce qu’on veut leur imposer.

vendredi 13 novembre 2015

Rédiger une partie de commentaire



Voici la copie quasi à l'identique de Jeanne J., portant sur la scène 4 de l'acte I du Tartuffe.
Prenez-en de la graine !!!




Corrigé acte I, scène 4, l’apparition d’Orgon
Première partie du commentaire

           

            [annonce de l’axe principal] Dans un premier temps, nous allons étudier en quoi le dialogue de cette scène est comique. [annonce des sous-parties] Pour cela, nous allons d’abord analyser l’attitude d’Orgon. Ensuite, nous nous intéresserons aux procédés utilisés par Molière, en particulier à l’alternance comique des propos d’Orgon. Pour finir, nous verrons que ce dialogue est un dialogue de sourds, qui s’appuie sur un comique de situation dans un registre satirique.
            [reprise du 1er argument / 1e sous-partie] Tout d’abord, nous allons étudier en quoi l’attitude d’Orgon est comique. [étude du texte et des procédés] Dès son retour, contrairement à ce que le spectateur pouvait attendre, Orgon ne s’intéresse pas du tout à sa femme, mais est uniquement préoccupé par Tartuffe. La répétition de l’interrogative « Et Tartuffe ? » (v. 234, 237) le montre bien. Dorine a beau énumérer les maux dont a souffert Elmire, « la fièvre » (v.231), « mal de tête » (v.232), « un grand dégoût » (v.235), Orgon n’y prête aucune attention. Même l’usage des hyperboles « mal de tête étrange à concevoir » (v.232), « douleur (…) cruelle » (v.237) ne l’atteint pas. [interprétation des procédés] Tous ces éléments qui montrent le décalage entre l’obsession d’Orgon pour Tartuffe et son indifférence pour sa femme créent un effet comique.
[reprise du 2er argument] A présent,notre étude va porter sur l’alternance comique entre les nouvelles de la mauvaise santé d’Elmire et celles sur la très bonne santé de Tartuffe. [étude du texte et des procédés] Molière oppose le champ lexical de la douleur pour parler de sa femme : « fièvre » (v.231), « mal de tête » (v.232), « dégoût » (v.235), « douleur » (v.237), à celui du plaisir pour parler de Tartuffe ; on peut relever « à merveille » (v.233), « teint frais » (v.234) ou même celui de la gourmandise : « gros et gras » (v.234) ou encore l’expression « deux perdrix » (v.239). L’opposition est accentuée par l’utilisation d’un comique de répétition, dans les phrases interrogatives (« Et tartuffe ? » aux vers 233, 234, 237, 238) et exclamative (« Le Pauvre homme ! », v. 234, 241) employées par Orgon. [interprétation des procédés] Cette alternance de dialogues rend Orgon ridicule, c’est donc un procédé efficace pour déclencher le rire.
Enfin, nous nous intéresserons au dialogue de sourds que la scène met en place. Dorine parle beaucoup tandis qu’Orgon exprime ses émotions par de courtes interrogatives et exclamatives, « Et Tartuffe ? » et « Le pauvre homme ! », qui ne correspondent pas du tout au contenu des propos de Dorine. C’est bien le signe que ce qu’elle dit ne l’intéresse pas du tout. On remarque aussi un comique de situation ; en effet, même lorsque Dorine se moque ouvertement de son maître, il ne s’en rend pas compte. C’est très drôle car la servante prend le dessus sur son maître, qui est totalement aveuglé par son obsession pour Tartuffe. Elle se permet d’ailleurs d’aller très loin dans sa critique du faux dévot, le qualifiant de « gros et gras » (v. 235), rappelant qu’il a mangé plus que de raison (« deux perdrix / […] et une moitié de gigot en hachis » v.238/240) et en agissant égoïstement, puisqu’il était « tout seul, devant elle », opposant ainsi la figure de Tartuffe à celle d’Elmire, sans qu’Orgon réagisse. Indirectement, il est donc lui aussi victime de son ironie ; on est proche ici du registre satirique. Ainsi, le dialogue entre Orgon et Dorine est bien un dialogue de sourds, qui nous permet de rire aux dépends d’Orgon.
[bilan de la 1e grande partie et transition vers la 2e grande partie] Molière crée donc un dialogue comique en jouant avec l’attitude des personnages Orgon et Dorine, le décalage des répliques, et une tonalité satirique. On rit ici à la fois de la vivacité du dialogue, et du ridicule d’Orgon. Nous allons à présent nous pencher sur le rôle joué par Dorine dans cette scène.