jeudi 31 mars 2016

Corrigé texte 6, Micromégas



Voici un petit mix des copies de Domitille, Flore et Swanny.
Bon travail !!




                Les contes philosophiques du XVIIIe siècle ont pour but, de même que le genre plus général de l’apologue, de plaire et d’instruire. Ils ont ainsi pour objectif de transmettre et d’enseigner une leçon de vis sans rebuter le lecteur. Ils ont deux enjeux, l’enjeu narratif et éducatif. Les contes philosophiques mettent en scène le plus souvent des personnages naïfs, étrangers, qui posent un regard neuf sur la société. Par ailleurs, le conte philosophique est caractéristique de la pensée des Lumières et il porte donc une critique politique, sociale et religieuse de la société. Appartenant au mouvement du libertinage de pensée, Voltaire, qui connut l’exil ou l’emprisonnement en raison de ses écrits, n’hésite pas à prendre la plume pour critiquer la société ou la religion, afin de placer la vérité au sommet de ses récits. Son conte Micromégas, écrit en 1752, relate le voyage d’un habitant de l’étoile Sirius vers la Terre, en passant par Saturne. L’extrait soumis à notre étude et qui ouvre le conte dresse le portrait physique et moral du personnage voyageur, Micromégas. En quoi cet extrait est-il caractéristique d’un incipit de conte philosophique ? Nous étudierons pour commencer l’aspect comique de cet extrait, lié en partie à son registre merveilleux, avant de nous pencher sur sa dimension philosophique.

(vous pouviez choisir de faire un plan plus « traditionnel » :

I.                    Les caractéristiques du personnage principal
II.                  L’action
III.                L’enjeu philosophique et critique)



En premier lieu, afin d’aborder l’enjeu comique du passage, nous allons étudier la description étonnante, paradoxale et comique qui est faite de Micromégas.
Tout d’abord, le champ lexical de la taille et l’énumération de nombres décrivant la hauteur de Micromégas sont assez surprenants : « huit lieues de haut » (l.4), « vingt-quatre mille pas géométriques de cinq pieds chacun » (l.4/5), « cent vingt mille pieds de roi » (l.7/8). Cette succession de nombres désignant Micromégas et sa planète se poursuit tout au long du premier paragraphe, ligne 1 à 15 et se conclut sur une antiphrase comique : « Rien n’est plus simple et plus ordinaire dans la nature. »  (l.11/12), qui contraste totalement avec la taille mirobolante et inhumaine de Micromégas, et les calculs mathématiques précédents dont la variété des mesures de valeur porte un effet comique. Ces trois procédés mettent en valeur la taille du personnage éponyme au long de quinze lignes, comme si cette caractéristique était l’une des plus importantes. En ce sens, la description du Sirien est surprenante par les choix de valorisation du narrateur.
Par ailleurs, le portrait dressé par le narrateur terrien est également paradoxal. En effet, le narrateur parle de l’habitant de Sirius en des termes très mélioratifs : « honneur » (l.2), « son excellence » (l.16), « merveilleusement » (l.40), si bien qu’il nous apparaît comme un véritable seigneur. De plus, le narrateur utilise aussi des hyperboles pour décrire le voyageur, comme par exemple à la ligne 16/17 : « tous nos sculpteurs et tous nos peintres conviendront sans peine » ; il utilise aussi nue antiphrase entre le premier paragraphe et la ligne 18, « ce qui fait une très jolie proportion », alors que Micromégas est totalement disproportionné par rapport aux habitants de la Terre. Ce manque apparent d’objectivité de la part du narrateur, vraisemblablement séduit par le Sirien, et qui en dresse un portrait peut-être trop mélioratif, porte à sourire. Enfin, le nom même du personnage éponyme forme un oxymore entre « micro », qui signifie minuscule, et « mega », qui signifie géant. Cela provoque ainsi un effet comique lorsque le lecteur découvre le nom du personnage.
Enfin, on retrouve ce registre comique dans d’autres aspects du portrait de Micromégas. En effet, il nous est au départ présenté comme un « jeune homme » (l.1/2). Or, au fur et à mesure du récit, on apprend qu’il a entre 670 et 1470 ans, comme le prouvent les expressions temporelles « vers les quatre cent cinquante ans » (l.24/25), « le procès dura deux cent vingt ans » (l.31/32) ou encore « l’auteur eut ordre de ne pas paraître à la cour de huit cents années » (l.33). Les deux passages constituent donc une antiphrase, que l’antithèse entre « quatre cent cinquante ans » et « enfance », ainsi que la négation restrictive de la ligne 20 (« il n’avait pas encore deux cent cinquante ans ») viennent renforcer. De plus, la personnification de l’esprit du personnage principal dans l’expression « par la force de son esprit » (l.21/22) met en valeur les qualités intellectuelles de Micromégas. Micromégas est en effet présenté comme un être plein d’esprit. La répétition du terme aux lignes 2, 22 et 31 le prouve. Cet esprit exceptionnel est caractérisé par le champ lexical de la connaissance : « cultivés » (l.19), « sait » l.19), « étudiait » (l.20), « collège » (l.20), « connaissait » (l.39). Ce portrait  moral mélioratif est renforcé par le superlatif de supériorité « un des plus cultivés » (l.19). Enfin, les nombreuses références culturelles permettent de situer le niveau de connaissances du personnage, qui est comparé à « Euclide » ou à « Blaise Pascal » (l.22).
Ainsi, les deux premiers paragraphes viennent dresser un portrait amusant du personnage éponyme, à la fois jeune et âgé, et dont les caractéristiques physiques n’ont rien d’humain. Mais certains aspects de la description du personnage peuvent être porteurs de messages plus profonds qu’il n’y paraît en première lecture.
                               


                                Notre étude va porter à présent sur l’aspect philosophique de cette ouverture de conte. Pour cela, nous aborderons en premier lieu la critique faite de la Terre, avant de nous pencher sur la critique de la cour, et enfin sur la critique de la religion soutenue par le passage.
                                Tout d’abord, le narrateur fait une critique de notre société en évoquant la petitesse de notre planète. On peut relever la répétition de l’adjectif « petite » dans l’expression « petite fourmilière » (l.3) et « notre petite terre » à la ligne 11. De plus, l’utilisation de la première personne permet au narrateur de comparer le géant à un « nous » représentant la société terrienne : « nous autres » (l8), « nous » (l.19 et 39), « notre » (l. 3, 9 et 38). Le narrateur utilise également des périphrases péjoratives pour parler de la planète Terre, telles que « notre petite fourmilière » (l.3) ou « notre petit tas de boue » (l.39). Enfin, les comparaisons de mesures entre la Terre et la planète du géant viennent mettre en valeur notre petitesse ; nous pouvons relever « guère que cinq pieds » (l.8) ou ligne 10, « vingt_et_un millions six cent mille fois plus de circonférence que notre petite terre ». Ainsi, le narrateur insiste sur la supériorité, ne serait-ce qu’en taille, de la planète de Sirius par rapport à la Terre.
                                Par ailleurs, derrière l’histoire du géant se cache en réalité une critique de la religion. En effet, la gradation « des propositions suspectes, malsonnantes, téméraires, hérétiques, sentant l’hérésie » (l.28/29) montre le manque de jugement du muphti. Par ailleurs, le champ lexical de la justice, « poursuivit » (l.29), « procès » (l.31), « défendit » (l.31), « condamner » (l.32) et jurisconsultes » (l.32) vient démontrer les conséquences que peuvent avoir la simple écriture d’un livre sur les insectes (à comprendre comme le symbole d’un livre scientifique) lorsque la religion est trop présente, trop dominatrice et trop autoritaire dans un état. On comprend aussi que ce procès contre Micromégas est une mascarade, car les juges n’ont même pas lu l’objet de tant de discordes. La religion apparaît alors comme un frein au progrès, sans argument valable pour lutter contre la connaissance, mais avec la seule volonté inexplicable pour l’auteur de rejeter le savoir.
                                Enfin, la pensée de Voltaire et sa critique de la société se dégagent également de ce récit. L’utilisation du présent de vérité générale nous donne l’avis du philosophe. En effet, l’expression contenant une antithèse « Les Etats […] ne sont qu’une très faible image des prodigieuses différences que la nature à mises dans tous les êtres » (l.12/15) nous amène à ne pas juger une personne par son apparence, puisqu’elle ne la choisit pas mais la reçoit de la nature, et que la nature propose une diversité infinie de formes. Ensuite, la périphrase à valeur péjorative « nous autres, sur notre petit tas de boue, nous ne concevons rien au-delà de nos usages » constitue une critique virulente des Européens du XVIIIe siècle. Cette affirmation les accuse de ne pas chercher à se cultiver et d’écraser les autres peuples, dont les coutumes diffèrent des leurs ou dont la couleur de peau n’est pas semblable. On sent également une pointe de regret ici une pointe de regret sous la plume de Voltaire, qui aimerait évoluer dans une société qui ne jugerait pas de bonnes manières, mais sur des valeurs. Enfin, le lecteur perçoit la critique faite de la cour du roi dans l’expansion nominale de la ligne 34/35 : « une cour qui n’était remplie que de tracasseries et de petitesses ». On comprend bien alors que Micromégas est une sorte de double de l’auteur, qui comme lui dut quitter la cour en raison d’écrits jugés subversifs, et qui connut, comme lui, la censure.
                                Cet incipit présente donc également un enjeu philosophique, puisqu’il porte plusieurs critiques de l’auteur envers la société de son époque, et en particulier la censure que le gouvernement de monarchie absolue exerce, et qui freine l’accès aux connaissances et au progrès.



                                Par le biais de l’argumentation indirecte, ce conte philosophique remplit donc la double fonction de plaire et d’instruire, et intègre en ce sens ce texte au genre de l’apologue. Ce récit traduisant la pensée des Lumières n’est pas sans évoquer L’Ingénu de Voltaire, un autre conte philosophique qui permet à l’auteur de critiquer sa société.

mercredi 30 mars 2016

Les textes des oraux





Voici les textes des oraux.
Le 3e texte, le dénouement de Dom Juan, se trouve dans votre manuel, vous devez le photocopier.

Le Tartuffe
Bérénice

La Barbe bleue
L'Ingénu
Micromégas

Je vous rappelle que vous aurez 30 minutes de préparation, et environ 7 minutes d'analyse et 7 minutes d'entretien avec l'examinateur.
Travaillez AUTANT vos textes en commentaire que TOUS vos documents complémentaires, chaque partie est notée sur 10, l'une n'est pas plus importante que l'autre ! La plupart des textes complémentaires sont dans votre manuel, ou dans vos cours !!
Relisez avec attention les fiches de séquence pour savoir quelles sont les notions à maîtriser.

Bon courage à tous !!


mardi 15 mars 2016

Pour réfléchir à la mise en scène du Tartuffe vue en classe



Pour ceux qui le souhaitent, voici un dossier qui étudie la mise en scène de Stéphane Braunschweig au Théâtre national de Strasbourg.

jeudi 3 mars 2016

Atelier George Dandin



Bonjour à tous,
Pouvez-vous faire circuler entre vous s'il-vous-plaît le message suivant, pour ceux qui ne participent pas au voyage :

Merci de venir en classe avec votre édition de George Dandin lundi 7 mars (lundi de la rentrée) !!!